Puri

        Puri… Ce fut un beau séjour.
       Nous y sommes restés 6 semaines environ. A l’arrivée dans la ville, nous avons descendu lentement la rue centrale en nous arrêtant à chaque rue perpendiculaire et nous demandions aux gens présents si quelqu’un louait une pièce, un endroit où séjourner un mois. Au 3ième carrfour je crois, des personnes près d’une fontaine nous ont indiqué une maison où une femme louait des chambres à des étudiants ou autres locataires. Elle a accepté de nous recevoir et nous avons occupé chez elle une chambre spacieuse : 2 lits avec moustiquaire (les pieds posés dans des coupes d’eau pour empêcher les bestioles d’y grimper), une table, une fenêtre, une porte qui bien sûr ne fermait pas à clef ; la salle de bain : dans la cour intérieure, surélevée sur du béton, un muret cachait le point d’eau où chacun faisait sa toilette, lavait son linge, la vaisselle. Les toilettes encore à côté, classique indien : un trou, une boite vide, un robinet et un muret pour l’intimité. Nous avons été surpris mais les habitants de la maison vivaient comme ça et nous avons suivi le mouvement… La vie ici a été très agréable.

           Merci à la propriétaire, ses enfants et les autres locataires pour leur gentillesse et leur accueil si ouvert.
           La propriétaire avait un jour préparé un repas pour nous. Des mets parfumés à point, un peu relevés, la si fine cuisine de l’Orissa faite de divers currys, choutneys, yaourt… le tout mangé avec les doigts, servis sur des feuilles séchées et cousues entre elles, posées sur le sol.
         Un voisin nous racontait Puri, les légendes, les histoires comme des faits divers mais qui pour nous relevaient de contes de fées… (malheureusement, je me suis fiée à ma mémoire infaillible… et suis loin d’avoir tout retenu !) Il nous avait aussi amenés sur la tombe d’un sage (certains peuvent être enterrés car ils sont considérés comme purs et libérés) aux abords de la quelle des fidèles lui rendaient hommage. Nous l’avions aussi accompagné pour des prières je ne sais plus dans quelle congrégation religieuse. C’était un homme pieux et pratiquant qui aimait expliquer l’hindouisme sans chercher à convaincre et écoutait volontiers ce que nous pouvions lui dire de nous, de nos modes de pensée. Ce qui comptait pour lui, c’était plus la spiritualité en tant que telle plutôt que la religion ou la philosophie à laquelle on adhérait ou pas.
           Nous avons fait des promenades avec des personnes de la famille et voisins à Konarak (qu’ils n’avaient pas visité), à un temple bouddhiste moderne dont j’ai oublié le nom, à Chilika Lake. Mais je reviendrai sur ces balades qui furent de vraies découvertes.

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Jagannath Temple

          Puri, c’est Jagannath. Jagannath est le dieu qui « habite » le temple principal, entouré de son frère Balabhadra et de sa sœur Subhadrâ.
       Voilà, présenté comme ça, on est dans une simple histoire de famille, dans le culte simple de divinités sobrement représentées par trois statuettes en bois peint…. Mais ce n’est pas si simple. L’hindouisme est une religion aux formes multiples, panthéon nombreux et qui remonte à la nuit des temps. Spiritualité, légendes, histoire, mythes, poésie, se confondent et se subdivisent. Chacun peut s’y retrouver. Jagannath est l’avatar (une forme représentative) de Vishnou. Son culte est essentiellement pratiqué en Orissa mais tout Hindou viendra ici en pèlerinage. Jagannath, dieu de l’univers, abrite sur l’enceinte de son temple, d’autres dieux : un petit temple pour Hanuman, un autre pour Krishna…

        Le temple est en fait tout un ensemble de bâtiments où vivent le clergé, des servants. C’est donc un ensemble de nombreux édifices. Il y avait même des éléphants mais, à cause de dégâts qu’ils ont à plusieurs reprises causés, ils ont finalement été interdits dans la ville.
        A propos des éléphants, voici une histoire qu’un voisin nous a racontée, comme un fait : lors du festival des chariots (quand Jagannath, son frère et sa sœur sont amenés à leur résidence d’été, ils sont posés sur des chars tirés par la foule des croyants. Mais cette année là, impossible de les faire s’ébranler. La foule tire plus fort, est plus nombreuse mais les chars ne bougent pas. On fait venir un tracteur. Mais les chars ne bougent toujours pas. On demande à Jagannath pourquoi il ne veut pas aller à sa résidence d’été, il répond que c’est parce qu’on lui a supprimé ses éléphants - Mais les éléphants ont causé de gros dégâts, blessé des gens. - Il faut des éléphants au temple. Et ce n’est qu’après la promesse formelle faite par le gouverneur de la restitution des éléphants au temple que les chariots ont pu être tirés par les fidèles vers la villégiature du dieu… tenace !
          La fête des chariots a lieu 2 fois par an quand Jagannath, son frère et sa sœur sont conduits puis ramenés à l'automne à leur résidence d’été. Pour certains fidèles, il est heureux de mourir sous les roues des charriots car on serait ainsi libéré du cycle des réincarnations… (Puri est la deuxième ville sacrée des Indes après Bénéres)
          Quant au temple lui-même, les bâtiments ont été construits aux XI e et XII e siècle. (Mais certaines inscriptions permettraient de penser qu’il existait déjà au début du X e siècle) Il y a trois bâtiments : le principal est le plus haut et deux autres ainsi que de nombreuses dépendances le tout clos d’un mur de 218 m sur 210 et haut de 6 mètres. Quatre portes permettent d’y accéder (mais pas aux non hindous, il en est de même au temple d'or de Bénares), chacune gardée par des animaux différents : éléphant, tigre, cheval, lion. L’ensemble a été restauré deux fois : au XIV e et au XX e siècle.

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Autour de Jagannath Temple

 

         Ici, le temple dédié à Hanuman, le dieu singe.

      Nous passions là souvent et les rideaux bruns étaient tantôt tirés, tantôt ouverts. Quand nous demandions aux passants pourquoi, on nous répondait simplement que les fidèles faisaient des offrandes et que quand Hanouman mange, il ne doit pas être vu…

 

 

 

    

 

      La, le petit temple dédié à Krishna.

      Chaque fois que nous passions, nous nous arrêtions pour écouter des chanteurs, musiciens ou n'importe quel fidèle qui chantaient "Aré Rama Aré Krishna Aré Aré". Et encore une fois, quand nous demandions depuis quand ils chantaient ainsi, on nous répondait : depuis toujours.. C'est ça la magie indienne...

 

 

  

 

 

  

 

        Aruna Stambha est un pillé monolithique apporté à Puri au XVIII e siècle depuis Konarak, temple dédié au dieu du soleil Surya, afin de le soustraire de la destruction par les Moghols ou les Britanniques, peut on lire.

         A son sommet, une statue d’Aruna le conducteur du char divin de Surya.

       Il est toujours vénéré, on peut voir des traces de couleurs à son pied, posées par des fidèles.

 

 

 



Le retour des pêcheurs

            Puri est certes une ville sainte mais c'est aussi une ville de pêcheurs. La plage était quasiment déserte dans la journée ; pas ou très peu de baigneurs(euses), pas ou très peu d'étrangers. Les Indiens semblaient ne pas apprécier les bains de mer juste pour le plaisir.
        Mais la fin d'après-midi approchant, l'animation commençait. Des gens arriveraient tranquillement. On commençait à voir des voiles brunes se profiler à l'horizon. Puis les barques approchaient. De nombreuses personnes allaient alors vers le rivage et jusque dans l'eau afin d'aider les pêcheurs à accoster. Les poissons et crustacés étaient étalés sur le sable et vendus après maints palabres. Nous y avions acheté des langoustes. Aussi fraiches, c'était un régal (et pourtant ce genre de nourriture n'a pas ma préférence !).
           L'homme qu'on voit sur les 2 dernières photos avec un chapeau pointu est un maitre-nageur. Car la plage était surveillée malgré le peu de baigneurs.

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Sari à Puri

            C’est dans cette maison que les femmes et des voisines m’ont demandé d’acheter un sari. Je l’ai fait. Elles m’ont acheté 2 “pretycots” (je ne connais pas l’orthographe de ce mot dont je ne sais s’il est anglais ou indien). Le pretycot est un petit haut, genre brassière, à manches courtes, qu’on porte sous le sari ainsi qu'un un jupon de couleur. Elles y ont cousu des «choumki » (id. pour l‘orthographe), des petits cercles dorés et percés avec lesquels elles formaient des dessins en volutes. Elles m’ont appris à mettre un sari, un tour autour de la taille puis 7 plis devant (ou plus selon la longueur du sari) et le passer de diverses manières sur une épaule en pan large ou ramassé, le passer sur la tête ou pas, en équilibre sur un chignon bas... Tant de possibilités pour un vêtement fait d’une pièce de tissus de 5 à 8 mètres de long sur un peu plus d'un mètre de large ! Obligée de mettre des boucles d’oreilles, bracelets etc. Pour certaines photos, la propriétaire m’avait même prêté une chaîne et son gros pendentif en or. Pour les Indiennes, une femme qui ne porte pas de bijoux est une idée incongrue… Nous avons ainsi passé un bel après-midi…
            Comment ne pas être troublé de panser que ce vêtement était porté dès la plus haute antiquité ? Il traduit tant de choses de par sa couleur, ses motifs, son drapé. Saris de reines et de paysannes, de bourgeoises, de femmes du sud, du nord... Un vêtement "vivant". Ils sont faits de coton, de soie, de fibres synthétiques, de mélanges. Certains sont des brocards d'or.

Janthi me parle des différentes façons de poser le pan du sari.

Avec la propriétaire qui m'avait prêté son pendentif pour la photo.

Encore merci à elles pour le merveilleux souvenir qu'elles m'ont offert !



Le Yoghi

A venir

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Tukuri, le tailleur fou (the crazy tallor)

         Tukuri, le Tailleur Fou… Ce n’est pas tout-à-fait ça…
         Il s’appelle bien Tukuri, il est tailleur et brodeur mais il n’est pas fou, loin de là ! (Il suffit de penser au Chapelier Fou dans Alice au Pays des Merveilles…).     
         Tukuri habite Puri (Inde – Orissa) avec sa famille. Il a une part d’excentricité dans sa façon de s’exprimer mais il est tout d’abord un artisan talentueux et surtout un homme d’une grande générosité. Nous avons passé tant de moments avec lui ! il parlait en travaillant ou fumait en parlant ; couper et coudre n’avaient pas de secret pour lui et, surtout, il excellait dans la broderie. Il en décorait des chemises par de petits motifs. Il brodait des tissus (comme des tankas) avec les effigies de Jaganath (le dieu du temple de Puri). Il vendait son travail mais ne harcelait pas les clients.

        Mon souvenir le plus marquant à ses côtés est la présence d’un jeune Italien. Il venait de temps en temps, s’asseyait et fumait, parlait peu. Il attendait d’aller mieux pour rentrer chez lui. Il s’était laissé piéger par l’opium et s’en sortait doucement avec l’aide de Tukuri et du tschars. Parfois il chantait. Il chantait en italien cette belle chanson « bella ciao ». Sa voix était plaine de tristesse et de nostalgie. Quand nous avons quitté Puri, il ne se sentait pas encore prêt mais reprenait espoir et confiance en lui. J’espère qu’il a pu rentrer et redevenir libre de ses choix.
        Tukuri nous parlait de Puri, de Djaganath, des gens qui passaient chez lui... De son quotidien. Tout cela semblait naturel et pourtant il en ressortait une grande humanité de sa part, beaucoup d’attention envers les autres.
         La veille de notre départ, il nous A offert l’une de ses broderies que nous avons accrochée à l’intérieur de la voiture. Mais il faisait chaud et les vitres étaient toujours ouvertes en roulant. Jjaganath s’est envolé, brodé sur son tapis volant blanc… J’espère que quelqu’un l’a trouvé et l’a accroché dans sa maison.
          Je pense souvent à cet homme à l’âme aussi large que son sourire.


Chilka Lake

A venir